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Attaques de requins à
la Réunion. Analyse et
solutions
Charles Dorange TPE
1ère 2014
INTRODUCTION
L’ile de La Réunion a fait la une des journaux ces dernières années et notamment en 2011, car elle
a subi une importante recrudescence du nombre des attaques de requins le long de ses côtes.
Nous allons étudier ce phénomène en essayant d’avoir une démarche scientifi que et essayer de
répondre à notre problématique :
Pourquoi y a t-il eu une recrudescence du nombre des attaques à La Réunion ces dernières
années ?
Nous ferons dans une première partie le constat et l’analyse de la situation de la manière la plus
rigoureuse possible en ayant une approche quantitative précise et qualitative des attaques
répertoriées. Nous nous intéresserons également aux types de requins incriminés et à leur
biologie respective.
Dans une seconde partie, nous analyserons les causes possibles soulevées et souvent citées par
les différentes acteurs concernés par le phénomène (écologistes, pêcheurs, politiques,
commerçants et usagers de sports nautiques), une par une en s’appuyant sur les connaissances
et les avis des spécialistes scientifi ques. Ainsi, nous pourrons mesurer la part de responsabilité de
l’homme sur ce sujet.
Enfi n, nous aborderons les différentes solutions possibles à mettre en oeuvre, solutions d’urgence,
solutions au long terme et solutions marginales. Afi n que nous cernions la (ou les) meilleure(s)
solution(s) éthique(s) qui peut(vent)être mis(es) en oeuvre.
I - CONSTAT ET ANALYSE DE LA SITUATION
Nous avons tout d’abord voulu vérifi er par nous-mêmes si réellement il y avait eu une
recrudescence des attaques de requins à La Réunion depuis 2011 et quelles étaient les
caractéristiques de ces attaques . On s’est intéressé au site de Shark Attack File.Info, site qui
rapporte toutes les attaques de requins sur l’homme dans le monde entier, année par année en
rassemblant toutes leurs caractéristiques connues (date, lieu, type de requin et gravité).
I - ETUDE QUANTITATIVE DES DONNEES
A/ RESULTAT D’OBSERVATION DES DONNEES REPERTORIEES EN CE QUI CONCERNE l’ILE
DE LA REUNION
Nous avons pu constater que même si le danger lié aux requins a toujours existé à la Réunion, il y
a vraiment eu une année noire en 2011 (avec 7 attaques confi rmées de requin dont 3 mortelles et
un corps retrouvé partiellement fortement suspecté d’être le résultat d’une 8ème attaque de
requin).
En effet, si on regarde les 30 dernières années entre 1981 et 2010, il y a eu en tout 37 attaques
soit une moyenne de 1,23 attaques par an avec des pics au maximum de 4 attaques par an (en
1992) et des pics à 3 attaques (1997 et 2006) et puis des années sans aucune attaque comme
2001, 2002, 2003, 2005,2008, 2009 par exemple ou encore de 1982 à 1987.
En 2012 et 2013, ce sont respectivement 3 et 4 attaques qui ont étés relevées mais on peut
relativiser ce nombre par le fait que les populations sont désormais très méfi antes et que des
mesures d’interdiction ont été prises depuis 2011 par les autorités.
B/
ETUDE STATISTIQUE DU NOMBRE D’ATTAQUES DE REQUIN A LA REUNION
REPERTORIEES DURANT 30 ANS (DE 1983 à 2012)
Afi n d’analyser au mieux la situation, nous avons décidé de faire aussi une analyse statistique du
nombre d’attaques de requin /an à La Réunion sur les 30 dernières années de 1983 à 2012.
L’année 2013 n’étant pas encore terminée, nous ne pouvions pas la considérer dans notre étude
statistique .
Toujours grâce au site internet Sharkattakfi le.info, nous avons pu relever pour chaque année (de
1983 à 2012 inclus) le nombre d’attaques par an. Nous avons ainsi dressé le tableau statistique
suivant avec pour chaque caractère étudié (soit le nombre d’attaque /an ) sa valeur associée (soit
le nombre d’année). Et nous avons calculé la moyenne, la médiane, les quartiles et dressé le
diagramme en moustache.
Calcul de la moyenne
: 42/30= 1,4 attaque/an
Calcul de la Médiane
: sachant que la série comporte 30 valeurs (30 années)et
qu’il s’agit d’un nombre pair, la médiane est donc la valeur entre la 15 ème et
la 16 ème valeur du caractère (c.à.d. du nombre d’attaque/an )soit le
caractère 1 attaque/an
Calcul des quartiles
:
-Q1: le quart de 30 (effectif d’années analysées) est 7,5
donc Q1 est la valeur 0 attaque/an
-Q3: les 3/4 de 30 sont 22,5 donc Q3 est la valeur 2 attaques/an
D
iagramme en boite à moustache
:
Conclusion de notre étude statistique
:
Nous pouvons grâce à ce diagramme en moustache constater que le caractère 8 attaques /an
comme cela s’est passé en 2011 est bien éloigné de la boite à moustache et donc que c’est un
phénomène rare et qu’il doit bien y avoir une cause à cela.
Si on compare maintenant l’évolution des attaques de requin entre 1981 et 2013 dans les autres
pays réputés dangereux comme l’Afrique du sud, la Californie, le Brésil ou l’Australie, on ne
retrouve pas de pic aussi inquiétant sur une seule année comme cela a été le cas en 2011 à La
Réunion. Les nombres d’attaques restent assez stables d’une année sur l’autre, au plus multiplié
par 2 voir 3 mais jamais X 6 sur une année.
NOMBRE
d’attaques/
an
0
1
2
3
4
5
6
7
8
nombres
d’année
11
8
6
2
2
0
0
0
1
frequence
0,37
0,27
0,21
0,06
0,06
0
0
0
0,03
effectif
d’année
cumulé
11
19
25
27
29
29
29
29
30
II - ETUDE QUALITATIVE DES DONNEES
A/LIEUX DES ATTAQUES ET GRAVITE
a)Lieux des attaques
Nous nous sommes intéressés aux différents lieux des attaques de requins à La Réunion qui ont
pu être identifi és de manière certaine depuis 1912 environ et qui ont été répertoriés sur le site
internet shark attack fi le.info.
Nous avons constaté que le nombre des attaques concernant des zones non dédiées aux activités
nautiques (soit la zone est, nord et sud de l’ile, ou encore du nord de Saint-Paul (en l’excluant)
jusqu'à Saint-Pierre (en l’excluant également) en contournant l’ile par l’est) est stable à peu de
chose près depuis toujours,
puisque depuis 1972, mous constatons à ces endroits 1 ou 2
attaques/an maximum les années où il y en a. Ce sont des zones sans lagons avec beaucoup de
courant, réputées traditionnellement dangereuses pour les baigneurs et les amateurs de sports
nautiques..
En revanche les attaques sur la côte ouest , c’est-à-dire de Saint-Paul à St Pierre, zone touristique
très fréquentée par les familles, les baigneurs et les amateurs de sports nautiques, n’existent que
depuis 1991 et sont nettement plus fréquentes depuis 2006.
On peut noter d’ailleurs que sur les 13 attaques de ces 3 dernières années (2011,2012 et 2013),
11 attaques ont eu lieu sur cette côte très touristique de la Réunion (7 ont eu lieu à Saint-Gilles, 2
à Saint-Paul, 1 à Trois Bassin, 1 à Saint-Leu).
Aussi on constate que ces attaques ont eu lieu très souvent en plein milieu de l’après-midi, en
plein jour et assez souvent très près des côtes . Elles ont concerné des surfeurs, de simples
baigneurs avec tuba ou encore des individus en canoë ou en kayak. Même un Labrador en
septembre 2013 s’est fait happé mortellement à un mètre du bord par un requin en pleine après-
midi sur la plage de Saint-Paul …
Nous avons trouvé ces 2 cartes qui sont assez révélatrices:
SIGNALEMENT DES REQUINS AUTOUR DE L’ILE POUR L’ANNEE 2013 (carte datant de juil
let 2013)
REPARTITION DES ATTAQUES DE REQUINS SUR L’ILE DE LA REUNION DEPUIS 1980 (document daté de juillet
2013)
Nous pouvons constater que le problème des requins concerne surtout la zone Ouest de l’ile
depuis 1980 et qu’en 2013, il y a eu beaucoup de requins signalés dans cette zone. Une zone
parsemée de lagons où la baignade et les sports nautiques , en théorie, ne sont pas dangereuses
contrairement à la zone Est,
b)Gravité des attaques
Sur les 14 attaques réunionnaises de ces 3 dernières années: 6 ont été fatales, 4 ont causé des
blessures graves concernant les membres des victimes ayant nécessité souvent des amputations,
et 4 ont entrainé des blessures mineures.
Afi n de comparer avec ce qui s’est passé dans le monde ces trois dernières années, nous nous
sommes intéressés à la répartition des attaques mortelles dans le monde de 2011 à 2013, et nous
nous avons réalisé ce diagramme ci-dessous après avoir consulté les statistiques.
REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES ATTAQUES MORTELLES DE REQUIN DANS LE MONDE DEPUIS
2011
On constate ainsi qu’environ 15 % des attaques mortelles mondiales de requins depuis 2011 ont
lieu à La Réunion. Cela est assez conséquent puisque le territoire de La Réunion est minuscule
comparé à l’Australie, l’Afrique du sud ou les USA qui sont d’immenses pays où on sait qu’il y a
beaucoup de requins.
Si on établit maintenant le rapport du nombre d’attaques mortelles par rapport au nombre de
pratiquants de surf pour les pays, on constate que ces dernières années, il y a en moyenne 2
décès à cause des requins pour 500 pratiquants de surf à la Réunion / an. Alors que ce ratio est de
1 à 2 morts /an pour 2 millions de surfeurs en Australie et pour 3,1 millions de surfeurs aux USA !
Nous pouvons donc conclure à l’issue de cette étude que d’une part l’année 2011 est historique en
ce qui concerne le nombre des attaques et de requins à La Réunion et que d’autre part depuis
2011, ces attaques sont différentes par rapport au passé, elles sont assez meurtrières et atypiques
quant à leur localisation. On peut donc s’interroger et se demander quelles en sont les causes ?
32 %
20 %
10 %
17 %
7 %
15 %
La Réunion
USA
Afrique du sud
Brésil
Australie
Autres pays divers
B/ TYPE DE REQUINS INCRIMINES
On sait grâce aux observations de l’IRD, l’institut de recherche pour le développement, que 2 types
de requins côtiers sont présents sur la côte ouest de l’ile : le requin tigre et le requin bouledogue.
Seulement 2 des attaques de ces 3 dernières années ont pu être répertoriées avec certitude quant
au type de requin incriminé : il s’agissait de requin bouledogue.
C’est un requin que l’on sait dangereux puisqu’il fait partie des 5 espèces de requins les plus
dangereuses au monde. c’est un requin agressif, plutôt solitaire, territorial qui explore les eaux qu’il
sillonne et attaque sans sommation.
Afi n de comprendre les causes d’un tel phénomène, il faut déjà bien s’intéresser à la biologie des
2 types de requins présents sur cette côte ouest de l’Ile de La réunion.
a)Le requin tigre
Le requin-tigre (Galeocerdo cuvier) est une espèce de requin de la famille des
carcharhinidés
.
Le requin-tigre fait partie des plus grandes espèces de requins. Il mesure généralement de 3 à
4 mètres, pour un poids moyen de 500 kg. On le trouve dans les océans tempérés et tropicaux.
C'est un requin
solitaire
,
chassant
en général
de nuit
. Il possède une nageoire caudale
hétérocerque, fi ne et pointue. Son corps brun-gris est strié de rayures verticales sombres,
particulièrement visibles chez les jeunes adultes
. C
e sont ces rayures qui lui valent le nom de
requin-tigre.
Son habitat est
côtier et pélagique
. Il est présent dans toutes les mers tropicales et subtropicales,
avec une préférence pour les eaux à forte turbidité (estuaires, lagons, de la surface à - 350 mètres.
Il est très présent dans les Caraïbes, dans l'océan Indien et dans les îles du Pacifi que dans tout le
Pacifi que. Il est solitaire et résident ou semi-résident autour de certaines îles volcaniques, évoluant
néanmoins parfois en petits groupes. Bien que non océanique, il lui arrive d'opérer de grandes
traversées entre les îles, notamment dans le Pacifi que. Son activité est principalement
nocturne
.
Le jour, il rejoint les eaux profondes et n'en sort que quand la nuit tombe pour chasser.
C
e requin-tigre est probablement le moins spécialisé des requins.
Peu sélectif
, il est parfois
considéré comme une véritable poubelle des mers, avalant toutes sortes de choses sans
discernement, notamment des objets issus de l'industrie humaine. On a ainsi retrouvé toutes
sortes d'objets dans l'estomac de spécimens pêchés : bidons, cannettes, sacs plastiques ou
encore plaques d'immatriculation. Ce manque de discernement est l'une des raisons de sa
dangerosité : il est susceptible de dévorer l'homme au même titre que d'autres proies.
Le requin-tigre est considéré comme un
superprédateur
. Lorsqu'il chasse, le requin-tigre a
tendance à nager lentement et à accélérer brutalement lorsqu'il est proche de sa proie.
b)Le requin bouledogue
Le requin-bouledogue ou requin du Zambèze (Carcharhinus leucas) est une espèce de requin de
la famille des Carcharhinidés. Il atteint 3,40 m de longueur. Son dos est gris ou brun olive avec
l'extrémité des nageoires un peu plus foncée et son ventre est blanchâtre. Il tient son nom de son
apparence massive, trapue, lourde et vigoureuse et de son museau aplati et court. Il dispose d'une
mâchoire composée de dents supérieures larges, triangulaires et très dentelées et de dents
inférieures verticales et pointues.
Le requin-bouledogue se rencontre sur les côtes de toutes les mers tropicales et sub-tropicales du
monde, mais il est aussi
semi-pélagique
.
Il aime assez
les eaux peu profondes
.
I
l est plutôt
solitaire
, il ne
fréquente
d’autres spécimen que pour s’accoupler. Il évolue dans
des eaux d'une
profondeur comprise entre 0 et 150 mètres. Il affectionne plus particulièrement
les eaux
boueuses
,
plus généralement à forte turbidité
et à faible salinité.
En principe, on le trouve
surtout à proximité des côtes et dans les estuaires
. C’est un animal qui
possède un sens de la
possession très poussé, et défend son territoire de façon très agressive, et ce quel que soit
l’envahisseur.
Il peut chasser seul ou parfois à plusieurs en menant un ballet autour de sa proie
une fois celle-ci repérée.
Le requin bouledogue est vivipare. Son embryon est nourri directement par l'organisme de la mère
pendant les 10 à 12 mois de la gestation. Les nouveau-nés (jusqu'à 13) sortent entièrement
formés du corps de la mère. Ils mesurent de 56 à 81 cm. Ils sont
euryhalins
dès leur naissance
.
Afi n de limiter les risques pour sa progéniture, la femelle choisit un lieu reculé, et surtout
une eau
faible en sel
(estuaires, lagunes, etc…). Cela réduit à néant les chances de croiser un requin
d’une autre espèce, principal prédateur du requin bouledogue (notamment les requins tigres et les
grands requins blancs).